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Interdiction de mouillage dans les calanques des Bouches-du-Rhône
Les calanques de Marseille font l’objet de restrictions fortes en termes de possibilités de mouillage. Si, pour le moment, seuls les plus grands bateaux sont concernés (plus de 24 mètres), les bateaux plus modestes vont, eux aussi, être bientôt invités à aller voir ailleurs.
Les plaisanciers de Marseille et des alentours ne décolèrent pas. Si, pour le moment, l’interdiction de mouillage dans les calanques d’En-Vau et de Port-Pin se limitent aux bateaux de plus de 24 mètres de longueur, cette interdiction va s’étendre, d’ici à l’été 2021, à l’ensemble des bateaux. La navigation y demeure permise pour le moment.
Démarré en 2018, le travail préparatoire à cette révolution des mouillages en zone écologiquement vulnérable a rassemblé plus de 200 partenaires (état, associations de préservation de l’environnement, associations de plaisanciers ou de pêcheurs). Les associations qui, aujourd’hui, crient au scandale ou à la privation de liberté savaient que les choses se préparaient et disposaient du temps nécessaire à se préparer et à faire évoluer leurs pratiques en direction de zones moins soumises à la pression, notamment en été. C’est le 10 décembre 2020 que la mise en œuvre du schéma global d’organisation des mouillages a été adoptée à l’unanimité par le Conseil d’administration du Parc national et validée par les autorités de l’Etat et les collectivités locales concernées, communes comprises.
Ces interdictions représentent la suite logique et cohérente du travail réalisé par les autorités locales de préservation de l’environnement des calanques. Comme le montre, par exemple, les sanctions données à deux bateliers qui pratiquaient illégalement le transport de passagers dans les Calanques début mai dernier.
Des restrictions mises en place au fur et à mesure
Concrètement, les changements proposés démarrent aujourd’hui pour s’étaler sur plusieurs semaines. Le volet information démarre ainsi, réellement en amont du volet répressif. En effet, le Parc National met à disposition des documentations papier ainsi qu’une application et encourage tous les acteurs traditionnels (SHOM, Marine Nationale …) à la mise à jour rapide de l’ensemble des documentations à destination des plaisanciers. Ensuite, durant tout l’été, ce sont des patrouilles d’information des usagers qui circuleront de calanque en calanque.
Enfin, lorsqu’il sera impossible de déplacer une zone de mouillage aujourd’hui permise, plus loin de l’espace à protéger, le Parc National mettra en place des solutions de mouillage sur des bouées, notamment, évitant ainsi de racler les fonds. Ce sera le cas, notamment, dans l’Ouest Pomègues (Frioul), à Marseilleveyre, Sormiou, Morgiou – Pierres Tombées, Ile Verte, baie de La Ciotat ou encore, à la Pointe Grenier (Saint-Cyr-sur-mer).
Des règles selon la taille des bateaux
Pour l’heure, l’organisation suivante est mise en place.
Pour les bateaux de plus de 24 mètres, report vers le large du mouillage, avec création d’une zone interdite au mouillage par petits fonds (moins de 30 m de profondeur).
Pour les bateaux de plus de 45 mètres, création de zones de mouillage obligatoires, aux large de Cassis, de La Ciotat et de Saint Cyr-sur-mer.
Pour tous les bateaux, enfin, concentration du mouillage sur les zones sableuses, avec création de zones de mouillage autorisées et de zones de mouillage interdites sur cinq sites à Marseille et trois sites à Cassis.
A Marseille :
Nord et Sud de la calanque de Port de Banc – Frioul
Sud-Ouest de l’Ile de Pomègues – Frioul
Calanque de Port Pomègues – Frioul
Nord et Sud de la Pointe Rouge
Côte Nord de l’Ile de Riou
A Cassis :
Large de la Grande Mer
Anses de l’Arène et de Corton
Falaises Soubeyranes
Ensuite, sur les deux sites, un recul de la navigation et du mouillage au profit des activités balnéaires sur deux sites est mis en place :
Calanque de Marseilleveyre
Calanque de Sugiton
Enfin, une mesure vigoureuse de préservation des deux calanques emblématiques et saturées d’En Vau et de Port Pin avec interdiction permanente du mouillage, de l’arrêt (sur une bouée ou par positionnement dynamique) et de la dérive de tout navire.
Les mesures relatives aux navires de plus de 24 m sont applicables dès la publication de l’arrêté préfectoral.
Les mesures relatives aux navires de moins de 24 m seront applicables dès la mise en place du balisage correspondant sur le plan d’eau dans les prochaines semaines.
Modulation selon la saison demandée par les plaisanciers
C’est, du reste, cette saisonnalité qui fait réagir certains plaisanciers dont certains manifestent ce dimanche pour manifester leur opposition à ces arrêtés : « Pourquoi interdire toute l’année » selon Xavier Esnault, l’un d’eux. « On veut continuer de protéger, mais il suffisait de réglementer en refusant l’accès l’été, pendant les périodes de grande affluence. Moi, d’habitude, à 18 heures, c’est apéro à En-Vau sur mon voilier, et je peux vous dire qu’il n’y a pas du tout de surfréquentation. On se retrouve privés de nos libertés, de notre patrimoine et de nos traditions. Ça peut paraître un peu chauvin et égoïste, mais c’est chez nous quoi ! On habite à Cassis et on peut plus aller dans nos calanques ! »
Préservation de l’environnement mise en avant par le parc naturel
Didier Réault, Président du Parc National des calanques explique « La calanque d’En-Vau est trop étroite pour mettre des bouées et pouvoir circuler. Nous avons fait le choix de préserver l’environnement, pour faire en sorte que le plus grand nombre puisse en profiter. »
L’objectif de cette mesure est de protéger les herbiers de posidonie qui peuplent les fonds marins Phocéens. Plante marine organisée en prairies sous-marines, elle constitue l’habitat naturel clé de voûte de la Méditerranée. Elle recouvre seulement 2 % de la surface de la Méditerranée, mais abrite 25 % des espèces animales ou végétales.
La posidonie s’acquitte de multiples services environnementaux :
Zone de nourricerie et de reproduction majeure des espèces marines méditerranéennes.
Production de ressources halieutiques : 30 à 40 % des espèces de poissons consommés y sont pêchées.
Stabilisation du littoral : l’herbier permet d’endiguer l’érosion des côtes (amortissement de la houle et protection avec les feuilles mortes qui forment des banquettes sur les plages).
Rétention durable du carbone : l’herbier de posidonie séquestre 1500 T de CO2 par hectare, soit 7 fois plus de carbone qu’une forêt de feuillus et 3 à 5 fois plus qu’une forêt tropicale production d’oxygène : 1 m2 d’herbier produit 14 litres d’oxygène par jour.
C’est en prenant conscience que la superficie des herbiers de posidonie a régressé de près de 20% au cours du seul XXème siècle que ces mesures ont été prises. La principale pression exercée sur les herbiers de posidonie est aujourd’hui le mouillage (l’impact mécanique des ancres) des navires.
En baie de La Ciotat, 30 ha d’herbiers ont été perdus en 10 ans : l’équivalent de 240 piscines olympiques !
Comment mouiller, aujourd’hui, en Méditerranée ?
Ce sont des conseils de bon sens que tout plaisancier raisonnable à en tête que rappelle le Parc National. Mais elles valent la peine d’être répètées.
Je me renseigne sur la réglementation du mouillage dans les Calanques et je la respecte.
Je choisis de préférence une zone sableuse repérable depuis la surface par sa couleur claire. Je peux aussi m’aider de l’application « Donia ».
Je mouille une longueur de chaîne de 3 fois la hauteur d’eau.
J’évite de mouiller mon ancre en battant en arrière.
Je remonte l’ancre à l’aplomb du bateau avec un orin.
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